


L'Organisation Todt était passée
très souvent au camp et, après des visites médicales
sommaires, avait pris la plus grande partie des internés.
En juin 1944, nous étions restés environ quatre
cents, presque tous malades, vieux ou mutilés. Il y avait,
en effet, une centaine d'invalides parmi lesquels beaucoup d'amputés
de la guerre d'Espagne. Le 18 Juin, donc, l'Organisation Todt
rafla les derniers hommes en état de porter une pelle.
Nous pensions tous que nous ne pouvions plus représenter
une proie intéressante pour les Allemands. Des vieux, des
estropiés, des unijambistes, pouvaient t-ils être
l'objet d'un transfert ?
Le jeudi 29 Juin, j'eus la joie de revoir encore une fois ma famille
au parloir du camp. Ce parloir était dans une baraque en
bois, prés de l'entrée du camp. Un nid de fusil-mitrailleur
faisait apparaître, à travers les fentes du bloc
en ciment, les canons des armes, là, tout près.
J'ignorais que mon destin avait déjà été
fixé par nos maîtres. Mais un pressentiment envahissait
mon esprit, dans cette triste journée de Juin. La pluie
était tombée le matin, puis quelques rayons de soleil
avaient rompu les nuages ; mais le ciel restait bas et gris, triste
comme notre prochaine aventure. A cinq heures de l'après
midi, après avoir embrassé ma femme et mes enfants,
je rentrais au quartier quand la nouvelle courut partout : "demain
on part ". Dans les prisons et les camps, les prisonniers
sont les plus vite renseignés. C'était vrai. La
nuit qui suivit fut occupée à faire nos bagages.
Nous nous couchâmes très tard et personne ne put
dormir. Nos pensées étaient occupées par
l'idée qu'une nouvelle période de notre vie s'ouvrait
devant nous, période pleine d'inconnu, chargée de
drames et de souffrances. Le matin après, le vendredi 30
Juin (encore un vendredi, diront les gens superstitieux), nous
étions debout à l'aube. Nos bagages étaient
prêts. L'ordre officiel de départ fut donné.
L'évacuation du camp commença vers huit heures.
La garnison allemande nous concentra hors des quartiers, dans
l'allée principale, face à la direction. Là,
une file de camions et d'autobus nous attendait. Monsieur Vernet,
aidé par quelques sous-ordres, était à côté
des officiers allemands et faisait l'appel, suivant des listes
par lui préparées.
L'évacuation du camp se prolongea jusqu'à l'après-midi.
Je partis avec le dernier camion.
A six heures du soir, nous arrivâmes à la caserne
Caffarelli. On nous fit descendre au milieu d'une haie de soldats
armés jusqu'aux dents. Au premier étage, nous fûmes
enfermés dans une salle délabrée ou nous
trouvâmes, accroupis par terre, nos quatre cents camarades
partis avant nous. Nous passâmes une nuit blanche. Mais
cette nuit-là nous sentîmes, pour la première
fois, que nous étions des déportés aux mains
des allemands. Nous étions des choses, moins que des bêtes.
Francesco Fausto Nitti - avril 1945
Extrait du procés Dhose
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Passent aussi de loin en loin, un groupe d'agriculteurs, avec leurs ânes, leurs mulets, leurs chevaux laissés par la dernière réquisition, car ils étaient trop mal en point. Sur les bêtes, on a monté un bât, on a hissé les femmes, quelques fois les enfants C'est encore l'Espagne, mais la France, la frontière approche Ils avancent par groupes, si possible par familles ou par villages, car lorsque l'on fuit, on aime bien voir un visage connu. On se sent moins seul, moins isolé, moins malheureux !!! Pierre Portier - les racines du désespoir |
Le camp du Vernet d'Ariège -
1944
Dessin du camp du Vernet d'Ariège (tableau de Walter Sommer) >Agrandir
Dessin du camp du Vernet d'Ariège
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Jàsz Deszö dit "Jean de Pablo" Combattant des Brigades internationales puis resistant, Jeande Pablo au Vernet de juillet 1943 à juin 1944. Là, il est le chef de l'organisation militaire internationale créée au camps dans la clandestinité. Il s'est évadé du train en Haute Marne. Il était Président
de l'amicale des anciens internés du Camp de Vernet
d'Ariège en 1947 |
![]() Républicains espagnols |
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Si le soldat se présentait avec une arme, il devait la déposer au tas, à l'énorme tas d'armes diverses qui se trouvait prés des postes de douanes, mais sur le territoire Français. Pierre Portier
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Ici
reposent les morts de dix sept ou dix huit pays, peut-être
plus. Tous ces morts avaient un point commun : la recherche
de la liberté. Pierre Portier |

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Interprétation mémorable
par Félix Calléja |
Plaque commémorative offerte en partie par l'amicale du
TF ; en miroir notre regretté Louis Augier fondateur de
l'amicale, témoin de Sorgues.
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Juan Pedro Serrano, ancien combattant de la guerre d'Espagne qui avait perdu une jambe au combat, déporté par le TF Dachau n° 94279 ancien du camp, en compagnie de Conchita Ramos déportée par le TF Ravensbrück n° 62480 (voir les déportés de Varilhes Suzel Nadouce)
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