Vue panoramique de la gare de Dijon
La gare est gardée par des Allemands qui portent un uniforme spécial (celui des employés de gare Allemands parait'il). Il y a aussi des employés Français. Ces derniers longent notre train à contre voie et nous disent " c'est fini les enfants, ils ne peuvent pas vous emmener plus loin, les voies sont sautées partout et les trains ne circulent plus vers le Nord. Alors là c'est la bonne nouvelle ! " Nos gardiens gueulent et s'engueulent copieusement avec les responsables de la gare ; ceux qui connaissent l'Allemand traduisent : nos gardiens veulent absolument passer et les responsables de la gare disent qu'ils ne feront pas partir le train, que les voies sont bombardées sans arrêt et que nous serions balancés à peine arrivés en campagne. Ca tourne vraiment au drame entre les Allemands : qui va gagner ? La nuit arrive, et toujours enfermés on s'assoupit plus ou moins. Au milieu de la nuit un grand bruit de ferraille, les wagons bougent, et notre convoi redémarre lentement. Et nous voilà repartis.
René Lafond - Saint Estéphe le 8 août 1944
Dans un arrêt, une jeune fille nous a demandé notre nationalité et notre caractère de déporté. C'est Louis Gatell, ancien membre du Comité Central qui m'a mis au courant de la composition du wagon des femmes en me disant que " la petite Française " était un membre de la Résistance sans aucun contact avec les autres déportés. Lors d'un arrêt j'ai connu Jeannine et pendant un transfert à pied jusqu'à Sorgues, j'ai parlé avec Jeannine. Elle m'a fait tout de suite une très bonne impression. Dans notre condition de Républicains nous n'avions pas d'adresse où aller. Elle nous a dit que si nous arrivions a nous évader, elle avait une grand-mère (je crois) à Lyon. Elle nous donné l'adresse à Dijon de sa maman, pour nous rencontrer chez elle afin d'arranger notre situation. Elle nous a fait part que son papa , Mr Lejard était un syndicaliste et qu'il avait été déporté ; raison de sa présence si jeune dans la Résistance. Je me suis évadé avec Gatell, six jours après, à Montigny le roi, occupé par les Allemands. Une fois la région libérée, nous sommes descendu à Dijon, avec un camion de l'armée, pour légaliser notre situation et pour repartir vers Toulouse afin de reprendre notre activité politique en direction de la lutte du peuple Espagnol contre Franco et ses alliés Hitler et Mussolini. A Dijon, nous sommes allés au Parti Communiste dans l'intention d'y retrouver un contact avec des Espagnols et nous avons fait une visite à Madame Lejard pour avoir si possible des nouvelles de Jeannine. Madame Lejard nous à bien reçue, très gentille et contente d'avoir des nouvelles de sa fille. Elle nous a proposé de nous donner de l'argent, et nous sommes partis dans le premier train direction Lyon Nîmes et Toulouse. Voilà comment nous avons connus Jeannine Lejard ; une fille extrêmement courageuse, capable de savoir reconnaître ses véritables amis et aussi ses ennemis. C'est la raison pour laquelle, elle nous avait communiqué l'adresse de sa maman à Dijon. Témoignage ESTEVE Juan - 1944. |
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