Le 3 juillet 1944, Estang a connu la plus grande tragédie de son histoire : Voici cinq ans que la Seconde Guerre Mondiale a éclaté. Cinq années de souffrance pour la population : nombreux sont ceux qui furent faits prisonniers en 40, mais il faut continuer à vivre, à travailler dur afin de subsister ici entre Estangois, citadins ayant connu l'exode et réfugiés.
Voilà bientôt un mois que le débarquement des troupes alliées a eu lieu en Normandie, de quoi donner espoir à une majorité sur l'issue du conflit. Dans notre région, la Résistance est composée d'un bataillon de volontaires dit de l'Armagnac, 158e régiment d'infanterie, dont le Chef, le Commandant Parisot, a reçu pour mission de contrarier et d'empêcher les forces nazies de remonter vers le Nord et l'Ouest du pays où les combats font encore rage.
En ce 3 juillet 1944 au matin, des renseignements incomplets et erronés arrivent au PC du bataillon à Maupas, signalant la présence à Cazaubon de quatre camions allemands (en réalité, il y en avait une dizaine, arrivés au château de Bégué, refuge de nombreuses familles juives protégées par les propriétaires (Monsieur et Madame d'André)). Quoi qu'il en soit, le commandant Parisot décide d'une opération armée et met rapidement en marche ses troupes qui doivent attaquer l'ennemi en empruntant l'itinéraire Maupas-Estang-Cazaubon pour aborder le chef-lieu de canton par le Sud. Hélas, la traction du commandant dut s'arrêter au garage Péfau, présentant un problème de bougies, tandis que la colonne allemande se repliait sur Estang. L'attaque a donc lieu sur cette route départementale à quelques centaines de mètres de la Gendarmerie. Le combat s'engage mais la troupe allemande bien plus nombreuse que les résistants se déploie dans le village, semant la terreur, entrant dans les maisons à la recherche des terroristes...
C'est sur la route de Peyré que Louise Cazauran qui fermait ses volets est mortellement blessée. Jean Coupaye, pharmacien, prévenu par ses voisins, viendra lui porter secours aidé par André Pupkiewicz et Paul Sansoulh; tous trois sont pris en otages par les Allemands qui continuent à progresser tout en s'emparant d'Alfred Duclaux, de Jean Bartherotte, pour ne citer qu'eux.
Dans le même temps, la bataille se poursuit sur la route départementale: cinq maisons sont incendiées et entièrement détruites, Jean Lalanne est abattu devant sa grange aussitôt incendiée ; Louis Dupuy et Jean Dupeyron sont également pris en otages. Au total, cet accrochage sanglant se solde par :
Neuf tués chez les Allemands
Deux résistants tués : Léonce Destouet et Hans Haffner
Un résistant pris en otage : André Ousteau
Deux victimes civiles : Louise Cazauran et Jean Lalanne
De très nombreux blessés
Une soixantaine d'otages aux mains de l'ennemi
La Gendarmerie est évacuée par le force : l'Adjudant Verdier, les gendarmes Melignier et Capdeville arrêtés. Ils seront plus tard déportés. Seul le gendarme Melignier reviendra des camps de la mort tandis que l'Adjudant Verdier et le gendarme Capdeville mourront en déportation à Melk commando de Mauthausen.
En cette soirée du 3 juillet, Estang est ravagée, pillée, meurtrie. La peur s'est emparée de tous ceux qui hier encore essayaient d'oublier les affres de la guerre en fêtant la communion solennelle des enfants. Les otages regroupés non loin de la Gendarmerie vont remonter en rangs serrés vers le lieu-dit PIGNAY. Certains, essentiellement des femmes, ont été libérées à hauteur du lieu-dit LA HIRE. Les Allemands arrêtent au passage Lucien Bouque qui cherchait à renter chez lui. Mais le pire est encore à venir : tandis que les otages sont tenus en respect à ce carrefour, le commandant de la troupe nazie, d'origine autrichienne, s'exprimant en français, annonce que neuf otages - autant que de soldats allemands tués - vont être fusillés. Le mystère demeure sur la manière dont ils furent désignés: Jean Bartherotte, Lucien Bouque, Jean Coupaye, Alfred Duclaux, Louis Dupuy, André Ousteau, André Pupkiewicz, Paul Sansoulh. Ils furent lâchement abattus à la tombée de la nuit, laissant leurs épouses, leurs enfants, leurs familles dans l'incompréhension, dans un sentiment d'injustice et un profond désarroi.
Un monument route de Cazaubon signale le lieu de l'exécution des otages. En outre, durant cette terrible période, une habitante du village, Paulette Barbe, fût déportée.
Estang - ancienne gendarmerie