-Je veux bien prendre les morts, mais je veux aussi les blessés
-Non ! Les morts seulement et c'est un ordre !
-Alors je refuse.
Il s'en suivit un long silence lourd de menaces, mais Madame
Vallette-Viallard tint bon.
Finalement, pressés, énervés, les Allemands,
après s'être concertés, cédèrent.
Le chef de la gestapo de Montélimar, Richter, ajouta cependant,
par conviction et pour sauver la face " vous êtes responsable.
Quand ils seront guéris, je viendrai les reprendre ".
Il fallait donner une sépulture décente aux morts
retirés du train. Sous le mitraillage des avions alliés
rodant dans le ciel, un cortège partit de l'ancien hôpital,
au bas de la grande rue (rue qui allait devenir Pierre Jullien)
? En tête, l'abbé Marcon grand blessé de la
guerre 14-18, puis une charrette portant les cercueils, sur lesquels
Madame Vallette-Viallard avait exigé que l'on mette un
immense drapeau tricolore. Elle suivait d'ailleurs la charrette,
accompagnée de quatre membres de la Croix Rouge. Arrivée
à la porte Saint Martin, le pauvre cortège plonge
dans la cohue des troupes en déroute. Parmi ces Allemands,
un groupe de miliciens. Le cortège avance avec peine. Apercevant
le drapeau Français sur le char funèbre, les miliciens
se dressent et rendent les honneurs, bras levés à
la manière fasciste ! Dans la montée du cimetière
Saint Martin, le cheval ne parvient pas à tirer sa lourde
charrette. Ce que voyant, Madame Vallette-Viallard interpelle
d'une voix sans réplique des soldats Allemands qui passent
par là. Plusieurs d'entre eux obéissent et aident
les membres de la Croix Rouge à pousser la charrette jusqu'au
carré militaire.
Dauphiné Libéré 30/12/1985
Mon wagon s'arrêta juste en face de la gare de voyageurs. Je pus observer toutes les opérations d'évacuation des morts et de blessés. Je vis passer les cadavres qu'on amena dans une des salles d'attente ; puis les blessés furent déchargés et une auto-ambulance vint les recevoir sur le quai même de la gare. C'était un spectacle désolant de voir passer les corps inanimés de nos compagnons, de ces hommes qui avaient partagé jusque-là, avec nous tant de peines et de souffrances.Un groupe de cheminots était réuni autour de la porte de la salle d'attente et regardait tristement ce spectacle, mais les Allemands, fidèles jusqu'au bout à la consigne, les chassèrent avec violence.
F.F Nitti avril 1945
7 morts déclarés, 5 reconnus.
Charles Teissier - janvier 2007 |
Plaque modifiée suite à l’intervention de notre Amicale
Extrait de décès - Mitraillage Pierrelatte