

Mitraillage dans la gare de Pierrelatte - Aquarelle Manuel
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La loco 231 K mise hors service par l'aviation est restée
sur place sur la voie 2, coupée de son train.
La mise en place à l'arrière du convoi de la loco
de réserve 140 J a permis la manuvre du train de
la voie 2 sur la voie1.
JC Capdeville - janv. 2007
Le train roule vers Pierrelatte. Les corps nus et luisants ne savent plus se lever, sont emmêlés dans un entassement dantesque. Ils ont déjà la couleur des morts. Les trois chemises ( tricolores ) prêtes à servir sont suspendues à un bout de ficelle Nul ne dit mot. Ils n'ont pas assez de vie pour avoir mal.Ils gémissent. Ils ne sont que douleurs et souffles lancinants. Ils en est qui sont évanouis, on ne les distingue pas des autres. Le train brusquement s'arrête . Les Allemands courent tombent, se relèvent et s'éparpillent. François veut se lever. Une main l'aide, le pousse. Il s'accroche avec ses ongles au bord de la fenêtre. Le fanion tricolore est à nouveau levé. Aide-moi dit Pierre, je veus voir. Les rafales éclatantes brisent de leur feux la torpeur des wagons. Dessinant dans le ciel un fulgurant feston, les avions piquent et grondent. Ils reviennent, droit sur les prisonniers Hubert murmure : c'est pour nous . Oui dit Claude. Et les quatre hommes regardent l'avion qui grandit. Éclatement des mitrailleuses et des canons. Devant eux la terre prend feu, des traverses de chemin de fer voltigent en débris. Des éclats frappent les parois du wagon. Des avions ont piqués à nouveau. La tête de François a éclaté, la cervelle a jailli. Une fumée opaque l'entoure. Une silhouette s'accroche aux lattes. Elle arrache les barbelés de ses mains nues. Des cris résonnent plein d'épouvante. Au bout d'un moment, la porte s'ouvre. C'est le copain devenu fou qui a fait cela- il à réussi à sortir. Mais les Allemands ouvrent le feu à leur tour. Trois camarades qui se traînent vers la porte s'écroulent.Pierre se laisse tomber sur le corps de François. Sur le plancher le sang coule en rigole visqueuse. Partout le sang dilue la sueur. Jacques est blessé .
Association nationale des amis des francs-tireurs et partisans français. Raymond Lévy - Toulouse 1945
![]() Claude Lévy |
![]() Locomotive 140 J avec installation de camouflage sur le tender et bâche enroulée sur la cabine. Pour éviter de voir les lueurs du foyer par l'aviation pendant le chargement de celui-ci ( défense passive ) JC Capdeville janv. 2007 |
![]() "Dans le wagon" de François Lafforgue et Jacques Insel |
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" Vite, le docteur, des blessés au train, en gare " C'est alors l'effroyable vision Des corps presque nus, étendus sur le sol ; huit ou dix environ, sortis par les Allemands du wagon à bestiaux. Ces hommes, tous jeunes dont le regard vers nous suppliaient du secours. Sans regarder mon mari, je compris que lui, médecin, devant ce drame horrible ne pouvait rien pour eux. Seuls nos yeux affectueux pouvaient leur dire " espoir "sans trop y croire. Deux heures ainsi Les sentinelles Allemandes s'éloignaient à plat ventre dans le pré. Elles avaient peur. C'est alors qu'un homme debout, prés de nous, habillé, non blessé s'approche de mon mari : " vous êtes médecin ? " oui " moi aussi, je suis médecin à Barcelone. " Mon mari lui demande de le suivre. Nous aurions pu le sauver mais il à préféré rester avec ses compagnons de route (Dr Vincent Parra ) Nous nous retrouvons prés des blessés quand un officier Allemand ne voulant pas nous les remettre, les repris dans le wagon qui fut verrouillé à nouveau. Mon mari dit alors : " ils n'arriveront jamais vivants à Montélimar ". Cependant, le train s'ébranla doucement. C'est alors que sous un arbre, on aperçoit un corps étendu sur l'herbe. Un blessé oublié par les Allemands. Après les soins reprenant connaissance, il pu prononcer son nom avec lenteur : Raphaël Jimena. Il était sauvé.
Hélène Jaume - 28 nov. 1990
Biographie du Docteur Vicente Parra :
Vicente Parra, diplômé en médecine à Madrid en 1908, exerça sa profession durant les 30 années suivantes : il fut médecin de campagne dans les villages de la province de Tolède, tint un cabinet privé à Madrid et travailla dans plusieurs hôpitaux de la capitale. La guerre Civile-dont le début eut lieu quand Vicente Parra avait presque 50 ans-et la Seconde Guerre Mondiale allaient cependant le catapulter, comme tant d’autres espagnols, dans l’œil du cyclone et l’amener à remplir son rôle parfois héroïque : il participa à la guerre d’Espagne, fut exilé et fait prisonnier en France, fut déporté à Dachau et, à la fin de ces deux guerres, dirigea un hôpital républicain à Toulouse. Sa trajectoire finira en exil au Venezuela, également de façon discrète, comme probablement il aurait aimé qu’il en fut toujours ainsi.
![]() Hélène Jaume (au centre sur la photo) |
![]() Docteur Guillaume Jaume |