Un bombardement eut lieu, hélas derrière nous et les destructions des voies et du pont sur le LEZ ne nous empêchèrent pas d'avancer. Par contre il y eut des dégâts un peu plus loin puisque nous n'avons pas pu atteindre Nîmes. Le convoi stoppa en gare de Saint Césaire. Notre situation était telle que les Allemands ouvrirent les portes car, dans ces wagons arrêtés, les hommes tombaient comme des mouches. Philippe Toureille |
Le 11 août
vers trois heures, nous nous arrêtâmes dans
une petite gare prés de Nîmes. Les Allemands
ouvrirent les wagons, ils nous donnèrent quelques
morceaux de pain et une cuillerée de confiture. Nous
demandâmes de l'eau ; ils nous en firent porter par
quelques jeunes gens qui étaient dans la gare. La
chaleur était horrible ; le soleil brillait dans
un ciel complètement pur, les rayons tombaient à
pic sur nos wagons de bois et les transformaient en véritables
fournaises.
Francesco Fausto Nitti |
Le train s'arrêtait très souvent, on ne savait pas où. Il roulait tantôt de jour, tantôt de nuit, par petits bouts, c'était très angoissant. Par contre la soif, ça a été le problème dés le deuxième jour. Les yeux se mettaient à briller, les langues gonflaient, on peut raconter toute l'horreur, mais est ce que c'est intéressant, on s'en doute de l'horreur. Dans notre wagon il y avait Yves Cohade, qui est mort à Melk en janvier 1945, et qui était en soutane. A chaque arrêt du train et il y en avait beaucoup, il se mettait à cogner sur la porte. Les Allemands ouvraient et il disait : il y a ceci, il y a cela, il faut boire, etc. Et, à chaque fois, il prenait un grand coup de crosse dans la figure. Il n'a jamais abandonné.
France Boudault - récit : Le passage par le " train fantôme "
Une enquête récente en février 2007 à l'occasion de photos de la gare de Saint Césaire, coïncidant avec la rencontre d'une habitante voisine de l'enceinte petite vitesse, demeurant depuis toujours dans sa maison paternelle ; se souvenant très bien de nombreux trains de déportés, ayant stationnés, sur les voies de garage desservant à l'époque une entreprise de transport de vins Lhermet-Gros, et un grand dépôt d'essence hautement gardé par les soldats de la Wermacht, tanks et autres blindés, flak, etc. etc. Une garnison Allemande, séjournât en permanence toute la durée de l'occupation, dans les locaux militaires encore existants, contigus de ces voies de garage, ainsi qu'un état- major dans le village. Le convoi du TF était inapprochable par la population et les maquis informés. Par tradition orale on se souvient encore d'un convoi ayant séjourné 48 heures mi-août.
D'après Odette Picard née Jourdan
témoignage oral recueilli par CT et JT le 25/02/2007
Suite aux évasions de
La Magistère et Dieupentale, les déportés
restant dans le wagon furent en représailles, privés
de ravitaillement. Le wagon resta fermé (certains devenaient
fous d'après René Lafond)
Rapport Jacquelin - septembre 1945