Un bruit commença à circuler : on disait que, selon certaines phrases entendues prononcer par les soldats, nous allions rester à Bordeaux. Le 11 De Pablo me communiqua que la chose était vraie dans ses grandes lignes, on devait être enfermés dans une église, peut être à la Synagogue de Bordeaux. C'était la vérité : le 12 juillet, un mercredi, nous fûmes réveillés à deux heures et demie du matin. C'était la nuit noire dans la gare. On nous fit sortir des wagons et descendre sur les quais ; nous étions entourés de toutes parts par des soldats armés jusqu'aux dents de mitraillettes, grenades à main, fusil-mitrailleur. Notre escorte de gendarmerie avait été sérieusement renforcée par un contingent de la garnison de Bordeaux et par une équipe de la Gestapo. Une bousculade, des cris sauvages, voilà nos anges gardiens qui nous poussent, qui nous alignent par cinq, en nous criant en mauvais Français " Vite ! Mettez vous en ordre ! " Nous arrivons à une grille que nous dépassons, nous traversons un pont, nous voilà en face de la gare des voyageurs. Voilà la place de la Victoire. Une fenêtre est ouverte à un premier étage, une ombre se penche, nous observe ; aussitôt des cris de menace s'élèvent. Nos camarades, les femmes prisonnières sont en tête du convoi chargées comme nous de leurs bagages. On les pousse, on voudrait qu'elles marchent plus vite, toujours plus vite ; on veut nous enfermer en lieu sûr le plus tôt possible.
Nous voilà arrivés. La colonne s'arrête à l'entrée d'une rue plus étroite sur notre gauche ; j'ai su depuis que cette rue s'appelle rue Laribat. A quelques mètres de là s'élève le corps de bâtiment de la Grande Synagogue réquisitionné par les allemands qui en ont fait une succursale de la prison du fort du Hâ.
Ici commence un nouvel épisode de notre aventure. Du 12 juillet au 9 août 1944 nous avons habité la Synagogue de Bordeaux. La vie à la Synagogue a été caractérisée par deux faits : l'aggravation de notre condition matérielle et physique et, entre les hauts et les bas quotidiens, le renforcement de notre espérance et de la foi dans la victoire.
Francesco F. Nitti
photo Jacky Tronel |
Les femmes prisonnières déportées venant de Toulouse furent enfermées le premier jour dans la synagogue, puis emmenées dans une annexe du fort du Hâ la caserne Boudet.
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Le 14 juillet, nous organisâmes une commémoration de la fête nationale ; Peyrevidal monta sur les marches de l'autel et nous adressa, au milieu du plus profond silence, quelques paroles pour affirmer sa foi dans la victoire finale et pour nous inviter à penser à tous ceux qui étaient déjà tombés |
Noël Peyrevidal |
Le 31 juillet, ce fut pendant l'après midi de ce jour que nous assistâmes au départ de dix de nos camarades qui marchaient sans le savoir au sacrifice suprême. Il y avait Robert Borios ; José Figueras ; Pierre Fournera ; André Guillaumot ; Albert Lautmann ; Jean-Louis Marcel ; David Litman-Nadler ; Emilio Perin ; Noël Peyrevidal ; Meyer Rosner ; Joseph Ushera.
Francesco F. Nitti
Plan général d'occupation allemande. |
Entrée de la synagogue. |
Intérieur de la synagogue. |
Aprés la tentative d'évasion de Christian de Roquemaurel et ses compagnons : le lendemain matin, perclus de douleurs variées, j'ai été convoqué (pourquoi moi?) dés le réveil qui avait lieu à 6 heures, par le lieutenant qui commandait l'unité de garde. C'est sans aucun enthousiasme que je me suis rendu à cet appel, persuadé que ce serait là ma dernière entrevue avant le verdict normal. Je me suis trouvé devant un homme qui devait avoir dans les trente ans, de taille moyenne, froid et d'aspect peu engageant. Il m'attendait dans la cour, assis à califourchon sur un banc. Il m'a tenu, dans un français correct, un long discours. Il m'a dit qu'en Russie il avait été fait prisonnier, qu'il s'était évadé, qu'il avait dû parcourir, dans les pires difficultés, de très longues distances, qu'il avait subi mille avanies, et que ce qu'il avait enduré, je ne l'endurerais jamais. Il trouvait normal qu'on cherchât à s'évader, mais en n'oubliant jamais qu'en cas d'échec, il y avait une note à payer, et que nous la paierions. J'étais prêt à payer ce qu'il voulait, pourvu que nous fût évitée la facture dont on ne se relève pas. Christian de Roquemaurel |
Ils seront transférés au fort du Hä. L'un d'eux
avait 17 ans. Ils allèrent rejoindre un groupe de 46 personnes
qui furent fusillés au camp de Souge aux premiers jours
du mois d'août. Détail affreux, tous ces condamnés
seront amenés deux fois sur les lieux d'exécution
et ramenés au fort du Hâ, car il manque paraît-il
le peloton chargé de l'exécution. Ce n'est finalement
que le troisième jour qu'ils seront abattus, face à
la fosse commune, par les Felgendarmes de l'escorte sous les ordres
de Baumgarten, le chef du convoi.
René Terrisse (Souge, le Mont Valérien du Bordelais)
Fort du Hâ
Poème de A.Meunier-Mureine doc Madame Gilberte Bonnac
Camp de Souges http://www.fusilles-souge.asso.fr |
Cérémonie du 13-10-1944, place du Capitole à Toulouse - Image Monique Clastre Professeur Albert Lautman - Docteur David Littman Nadler - Robert Borios inspecteur de police Tués le 1er août 1944 au camp de Souge pris dans la synagogue de Bordeaux le 31-07-1944. |
Albert LAUTMAN Philosophe français 1908-1944 |
Un de ceux que j'ai connus les premiers jours a été le professeur Lautmann ; il me frappa par la dignité de son attitude et la profondeur sérieuse de ses réflexions (en 1939 parut chez Hermann les " Nouvelles recherches sur la structure dialectique des mathématiques " par Albert Lautmann.) Il appartenait à une nouvelle mathématique, vulgarisée, immortalisée sous le nom de " Bourbaki ". Le 15 mai, il était arrêté à Toulouse à la suite de la trahison d'un restaurateur où il hébergeait ses agents. Un voile de mélancolie descendait souvent sur son visage. Il me sembla un jour plus triste que d'habitude. Je lui demandai : seriez-vous souffrant ? -Pas plus que les autres, me répondit-il. Je pense seulement que tout ceci ne se terminera pas bien pour beaucoup d'entre nous. Francesco F. Nitti |
Copie de l'extrait du procès du lieutenant S.S Friedrich-Wilhelm
DHOSE responsable de la section IV au KDS de Bordeaux.( Avril
1953 ) :
Si les différents crimes commis au cours du transport
paraissent incomber au détachement de garde et à
son chef l' Oberleutnant BAUMGARTNER, il reste cependant que le
KDS de Bordeaux a complété ce convoi avec des détenus
récemment arrêtés pour lesquels les dossiers
n'avaient pas pu être adressés au BDS et encore moins
au RSHA. Le KDS de Bordeaux n'a pu non plus ignorer les conditions
particulièrement inhumaines dans lesquelles les détenus
ont été placés dés leur départ
de Bordeaux pour effectuer ce trajet.
Vous avez affirmé que l'ordre de déporter les personnes
mises par le KDS de Bordeaux dans ce convoi qui a été
surnommé le " Train Fantôme " était
parvenu du BDS, et que c'était HERMANSDORFER qui avait
eu à s'occuper de la question. Vous avez ajouté
que vous aviez ignoré les conditions dans lesquelles les
détenus avaient quitté Bordeaux.
(Cote 303 dossier DOHSE).
.. Je maintiens mes déclarations.
Épilogue : Dhose a été arrêté le 8 mai 1945 au Danemark ; jugé par le tribunal militaire en avril 1953. Condamné à sept ans d'emprisonnement, il sera libéré assez vite
Procés Dohse, extrait.
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Hans LUTHER Chef du K.D.S de Bordeaux Peine légère et libéré aussitôt. |
Le commissaire POINSOT chef de la Section des Affaires Politiques à Bordeaux Condamné à mort fusillé le 12 juillet 1945. |
Les autorités allemandes m'ont demandé d'aller à la synagogue. Les déportés se trouvaient sous la surveillance de la Gendarmerie de campagne S.S. ; de très jeunes soldats, commandés par un adjudant sadique et parfaitement impénétrable à toute humanité. Pendant 3 jours je les ai vus à deux reprises. Un matin pour opérer des détenus qui avaient été blessés par balles de mitraillettes tirés par les gardes. En effet les jeunes gendarmes S.S tiraient, sans raison, des rafales de mitraillettes dans la foule. Il y avait des morts, qu'on ne me permît pas de contrôler, et quelques blessés qui geignait sur la paille, un détenu médecin. Les opérations chirurgicales se déroulaient dans le logement du grand Rabbin sur une immense table, alors que, par terre, on piétinait sur les livres sacrés et les trésors de sa bibliothèque répandus sur le sol . Pour avoir voulu ramasser un magnifique manuscrit, et le poser sur un meuble, j'eux droit à une rafale qui passa prés de mon visage. C'est aussi durant ces deux jours que je vis ces étranges soldats renverser une dame de la Croix Rouge qui essayait d'apporter du ravitaillement à ces pauvres gens, et les bidons de soupe sur le sol.
Docteur J. Poinot - Résistant chirurgien des Hôpitaux - août 1944.
Plan d'occupation allemande.
J'ai été arrêtée pour faits de résistance. Je suis rentrée dans la Résistance par l'intermédiaire d'une amie, dont le frère faisait partie d'un groupe de résistance régionale. Ils avaient besoin de renseignements sur le trafic ferroviaire et sur les déplacements des Allemands par fer .
Par la famille de mon amie, j'ai eu tous les éléments qui m'ont fait reconnaître comme faisant partie du réseau Andalousie et des F.F.I. J'ai été arrêtée le 14 juin 1944. En rentrant chez moi, il y avait ma mère, mon fils et ma sur et j'ai trouvé deux allemands. Devant la porte se trouvait la voiture de la gestapo et deux allemands armés qui gardaient la porte. Je leur ai dit en sortant que cela faisait beaucoup de monde pour une personne. Ils étaient cinq. Dans la voiture se trouvait le garçon qui nous a dénoncés et qui ne m'a pas regardée dans les yeux à ce moment là.. Nous avons fait comme si nous ne nous connaissions pas, nous avons continué à jouer le jeu. Ce garçon avait vingt ans c'est pour cela que je ne lui en ai pas voulu, il a cherché à sauver sa peau. A vingt ans, on a envie de vivre. Il savait ce qui lui arriverait, je ne lui en ai pas voulu. De toutes façons, je n'ai de rancune contre personne. Je suis rentré au fort du Hâ, internée dans le fort une nuit. J'ai subi plusieurs interrogatoires, j'ai été confrontée à mon père. J'ai passé quelques moments difficiles, mais pas terribles. Je me demande quel jeu jouait Dohse à ce moment -là. Avait il tourné casaque ? Avait-il quelques craintes pour son avenir immédiat ? Je ne sais pas. En tout cas, je n'ai pas eu à subir ce qu'a subi par exemple Marie Bartette ou Mosca et certains autres. Il y avait beaucoup d'arrestations à ce moment là, c'était après le débarquement, ils étaient sur les dents, ils ont arrêté des gens à tour de bras, même ceux qui n'avaient rien fait, de crainte d'en rater un. Les colis ne nous parvenaient pas, les allemands disaient que nous n'étions plus là, que nous étions partis pour une destination inconnue. C'était déjà Nuit et Brouillard, à ce moment là. Nous devions disparaître de la circulation. (Le premier août) On a entendu partir du fort du Hâ tout un groupe de gens, on a entendu des messages, la Marseillaise, pendant toute la nuit. Nous leur avons chanté " ce n'est qu'un au revoir ". Le 9 août 1944 au matin on nous a tous fait sortir des cellules sans rien nous dire. On nous a plaqués contre le mur, dans la cour en bas, là où on faisait les promenades. On s'est demandé s'ils allaient nous fusiller. On est passé devant un médecin qui disait " un, deux, trois " , c'était cela la visite médicale à l'époque. On a été embarqués dans un camion. Tout le monde n'est pas parti. Ils n'ont pas fait d'appel nominatif, ils ont vidé les cellules. Nous sommes partis au début de l'après-midi, il me semble. Destination inconnue. On regardait le trajet qu'on empruntait et surtout la direction. Nous connaissions Souges, là où ils fusillaient les gens. Quand on a vu qu'on prenait le cours de la Marne, on s'est dit qu'on allait à la gare. Nous sommes arrivés à la gare, côté marchandises. Notre train était là, les portes ouvertes, il y avait de la paille. Nous avons été embarqués de façon identique, pas nominative, par paquets de douze, hop ! René Lafond dit qu'il y eu un appel, c'est peut être vrai pour les hommes, mais pas pour nous, les femmes, ils ont embarqué tout le paquet. Juste en face il y avait des wagons remplis de prisonniers, mais fermés. C'étaient les prisonniers de la synagogue, embarqués avant nous. Nous sommes restés toute la journée là. Dans la soirée nous avons manuvré. C'est là que j'ai vu mon fils ; sur le bord de la voie, ma mère et ma sur l'avait amené, je ne pouvais pas leur en vouloir, mais quand même j'ai trouvé qu'elles avaient manqué un peu de charité. Ils n'y ont pas pensé. Il m'a vue, il s'en rappelle bien. On a roulé sur les voies en direction de Toulouse, et puis on est revenu vers la gare, et puis on est repartis. Ce manége a duré pendant une partie de la soirée. A la tombée de la nuit il y a eu un bombardement du port de Bordeaux, un très grand bombardement, et là nous sommes partis pour de bon. C'était dans la nuit du 9 au 10 août 1944, en direction de Toulouse. Nous ne savions rien. Nous étions soulagés de sortir du fort du Hâ et nous nous disions c'est paradoxal, cela ne peut pas être pire. Nous ne savions pas où nous allions, jusqu'au bout nous ne l'avons pas su, même après notre arrivée au camp. Il nous a fallu une huitaine de jours pour nous rendre compte que nous étions tombés dans une maison de fous.
Renée Lacoude - Résistante rescapée de
Ravensbrück - mémoires 1990 - Présidente d'honneur
Amicale du TF
Fort du Hâ, promenade. |
Train quittant Saint-Jean |
Plan du dépôt
La vie continua à la synagogue, vie triste, grise, traversée
par des éclairs d'espoir, par l'arrivée des nouvelles
qui relevaient notre moral ; le temps s'était assombri
de nouveau ; la pluie tombait, une pluie du mois d'août
qui ne rafraîchissait pas mais qui ajoutait seulement sa
mélancolie à cette ambiance déjà si
lugubre. Le mardi 7 août 1944, vers 17 heures, l'ordre arriva
de transporter en bas tous les bagages qui avaient été
entreposés en haut de la galerie centrale. Les bagages
furent amoncelés dans le couloir principal de la Synagogue
; ce fut pour nous le signal du départ. Une heure après,
les femmes prisonnières, qui pendant tout notre séjour
à la Synagogue avaient été gardées
à l'infirmerie de la prison, arrivèrent à
nouveau et furent enfermées dans une pièce à
coté du Temple. Les interprètes essayèrent
d'avoir des nouvelles et l'on pût savoir ainsi que notre
départ était décidé. A deux heures
du matin, le mercredi 8 août 1944, quand on nous appela
, nous étions déjà prêts, car nous
n'avions pas dormi de la nuit. Et nous voila de nouveau dans les
rues endormies et désertes de Bordeaux, refaisant en sens
inverse le chemin déjà parcouru. Nous revîmes
les mêmes places, les mêmes édifices, les mêmes
fenêtres fermées. Nous fumes encore une fois obligés
de marcher par rangées de cinq, entourés, poussés,
bousculés par une escorte nombreuse ; à quatre heures,
nous arrivons au même quai, qui dans le même secteur
de la gare que nous avions quitté le 12 juillet, vingt-sept
jours auparavant. La Feld-gendarmerie est un corps d'élite
: elle connaît à la perfection l'art de charger et
de décharger des trains pleins de matériel humain.
Ces gens là ont le génie de l'organisation ; à
la lueur de quelques rayons de lumière, nous pouvions lire,
écrit à la craie, en gros chiffres, sur chacun des
wagons que nous avions occupés, le nombre des hommes qui
devaient y rentrer. Le plus petit nombre était soixante,
certains arrivaient jusqu'à soixante dix ; je fus
parmi les plus heureux : on me poussa dans un wagon portant l'indication
soixante cinq hommes. Immédiatement nous fûmes enfermés.
Le jour se leva ; en face de nous, de l'autre coté du quai,
un autre train tout pareil au nôtre, avec des wagons qui
portaient aussi des chiffres à la craie avec des fenêtres
comme les nôtres, à demi-closes par des planches
en bois et des fils de fer barbelés, semblait attendre.
Les wagons étaient vides et ouverts ; par nos petites fenêtres,
par les fentes des parois, nous observions ce train et nous nous
demandions à quoi il pouvait être destiné.
Vers midi, nous fumes fixés ; des camionnettes commencèrent
à apparaître sur les quais, à cote des chauffeurs
on voyait des feldgendarmes et des soldats Allemands. Les camionnettes
furent vidées : nous en vîmes sortir une longue file
de prisonniers, hommes et femmes, qui furent alignés face
à nous ; il y avait au moins soixante-dix femmes de tout
age, il y avait aussi une centaine d'hommes, presque tous jeunes,
parmi lesquels nous vîmes deux gendarmes Français
en uniforme et un jeune prêtre à la barbe noire.
Bien vite nous apprîmes que c'étaient des prisonniers
du Fort du Hâ ; comme nous ils furent répartis dans
les wagons et ceux-ci aussitôt scellés. Le soir nous
partîmes.
Francesco F. Nitti
Saint-Jean
Fenêtre du fort du Hâ |
L'embarquement s'est fait par lettres alphabétiques, donc moi je me suis retrouvé avec des camarades qui étaient entre A et D, beaucoup étaient plus âgés que moi, Bazot 38 ans, Bigorre 42, Birot 42, Campet 49, et Concarré 45, moi j'avais 22ans comme d'autres camarades et pour nous ces gens représentaient une sorte de sécurité, c'étaient presque des pères. Avec eux, on se sentaient un peu protégés. Récit de France Boudault - rescapé Mauthausen - 1990 " Nous étions appelés au vu d'une liste, par le fils Goupil, agent de la gestapo à Arcachon " André Foulon - Résistant d'Arcachon - rescapé de Dachau |
Nous
étions deux wagons de femmes seulement, mais de nombreux
wagons d'hommes. Dans un des wagons étaient les femmes
venant de Toulouse ; certaines avaient été
arrêtées à Figeac, je l'ai appris par
la suite. Dans le mien, des femmes d'Arcachon, de Bordeaux,
d'Eysines, de Bègles, de Dijon, des Basques, de Mont
de Marsan, de Castres et une Alsacienne
. Ma mémoire
me faisant défaut j'en oublie sans doute car notre
groupe a été dispersé dés notre
arrivée à Ravensbrück. Par terre de la
paille ; des fils de fer barbelé aux lucarnes, et
nous voila parties pour un voyage qui va durer 3 semaines.
La route sera dure et longue, mais notre, espoir en de jours
meilleurs ne faiblira pas. |
Parmi nous également Guy de LAROCQUE-LATOUR, le deuxième fils du propriétaire du château NODRIS, prés de Vertheuil. Antoine le frère aîné de Guy, avait été massacré par les Allemands lors de l’attaque du Maquis du Médoc, ce Maquis que j’avais moi-même formé le 10 juin 1944. Après l’attaque, les Allemands avaient bombardé le château et ses dépendances et achevé les destructions par le feu.
René Lafond "De la gestapo Bordelaise au block 30 à Dachau par le Train Fantôme "
Se trouvaient aussi :
- Ferdinande Herbert, cuisinière du château Nodris N° dachau 93870. Rescapé
- Bernon Alexandre métayer du château Nodris, blessé à Pierrelatte sauvé.
- Bernon Guy, fils ouvrier agricole N° dachau 93907 mort en déportation.
- Guy de Larocque-Latour s’évadera en Haute-Marne.
- Seurin Jean bûcheron-résinier mort en déportation N° dachau 93979
Document de police de Bordeaux.
« Puis nous quittons les cellules et sommes rassemblées dans la cour toujours face au mur, c’est l’habitude de la maison, « face à l’amour », disions-nous en plaisantant et en imitant la prononciation des gardiennes. Nous sommes 44. On nous compte et on nous recompte et enfin on nous embarque dans le camion de la prison. »
Nous avons la surprise de trouver dans un des deux wagons qui nous sont réservés 24 femmes déjà installées. Elles sont de la région de Toulouse et il y a parmi elles cinq ou six Espagnoles.
Témoignage Marie Bartette - étapes d’une Déportée.
Lignes parcourues.
Yves Cohades, prêtre, professeur au collége du Grand Lebrun à Caudéran (33), a été arrêté sur dénonciation d'un de ses élèves le 27 juillet 1944. Dénonciation selon des termes mal définis pour propos anti nazis. Il est décédé au camp de Mauthausen. Voir détails en annexe |
Abdelkader Mesli, orphelin algérien, est arrivé à 17 ans à Marseille. Il a commencé par être docker et charpentier, puis mineur en Belgique. Dans les années 1930, il est l'un des cinq imams de la mosquée de Paris. Pendant l'occupation allemande, dès 1940, les juifs doivent fuir ou se cacher. La mosquée de Paris devient un refuge pour certains juifs séfarades. Abdelkader Mesli, dans l'équipe du recteur, en abrite quelques-uns, délivre des certificats de religion musulmane à d'autres et des tickets de rationnement à des familles.
"Mon père a participé à cette forme de résistance", explique Mohamed Mesli. Dénoncé à la Gestapo, torturé puis déporté par le Train Fantôme en juillet 1944, il ne révélera jamais les noms des membres de son réseau. Libéré du camp de Dachau en mai 1945, il prendra finalement la tête de la mosquée de Bobigny dans les années 1950.
Témoignage de son fils.